Bilan patrimonial

Avez-vous des talents de détective?

Si oui, vous auriez eu les qualifications requises pour tenir le rôle de liquidateur successoral d’un grand nombre de Québécois décédés au cours des dernières décennies.

S’il y a encore un demi-siècle on faisait des gorges chaudes des cachettes qu’avaient trouvées nos aînés dans la maison, la grange ou l’appentis pour ranger de précieux billets de banque en cas de coups durs, cachettes qu’on découvrait une à une après leur mort, la situation n’a plus rien de drôle aujourd’hui. Si les fameux bas de laine n’existent guère plus, les endroits où nos actifs et passifs sont répartis se sont multipliés.

Nous n’avons pas une mais cinq cartes de crédit, deux comptes d’épargne et trois comptes de chèques dans trois institutions financières différentes, dont une près de l’usine de notre ancien employeur, une autre dans notre ville natale et la dernière à proximité de notre résidence, un coffret de sûreté, deux REER, deux comptes de courtage en valeurs mobilières, quelques milliers de dollars investis dans un fonds de travailleurs, une assurance temporaire, une autre avec valeur de rachat, un prêt à notre soeur, sans oublier une hypothèque à moitié payée sur un immeuble locatif…

Et si demain quelqu’un était chargé de disposer de vos actifs afin de remettre les sommes dues à vos héritiers ? Comment procéderait-il ? Comment apprendrait-il l’existence de tous ces biens et de toutes ces dettes ? Comment saurait-il le nom de l’institution correspondant aux clés du coffret de sûreté retrouvées au fond de votre tiroir de chambre ?

L’enquête suivrait son cours, bien sûr, mais le règlement de votre succession s’éterniserait, empêchant vos proches de jouir rapidement des sommes que vous leur destiniez. À moins qu’on ne retrouve jamais trace de cette police d’assurance que vous avez pourtant payée rubis sur l’ongle tous les ans jusqu’à 65 ans ? Qui est au courant de l’importante dette personnelle que vous avez contractée à l’égard d’un particulier?

Sans toutes ces données, vos héritiers auront de la difficulté à évaluer la valeur de ce que vous leur laissez. En fait, peut-être auraient-ils intérêt à refuser le legs s’ils apprenaient cet important montant que vous deviez éventuellement rembourser.

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